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La francophonie au Japon

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Le chanteur et acteur Patrick Bruel
Article mis en ligne le 28 mars 2017
dernière modification le 23 avril 2018
Patrick Bruel : à double voix
 
Patrick Bruel est venu au Festival du film français de Yokohama 2004 pour présenter le film Une vie à t’attendre où il tient le rôle principal au côté de l’actrice Nathalie Baye. Acteur chevronné, à la longue carrière, il est aussi connu en France en tant que chanteur avec la « bruelmania » auprès d’un public jeune qui suit tous ses concerts et ses sorties de disques. Image chamboulée par un changement de registre avec, de nouveau, le succès à la clé. Laquelle de ses cartes de visite sera son ticket d’entrée auprès du public japonais ?
 
Franc-Parler : Vous avez deux activités principales et largement suffisantes, j’imagine : chanteur et acteur. C’est un choix…
Patrick Bruel : C’est l’envie très jeune de chanter et très jeune de jouer la comédie. Donc, sans avoir jamais fait de choix entre les deux. En essayant de faire les deux et finalement à force de faire les deux très sérieusement et au plus profond à chaque fois possible, les deux ont fini par bien se passer. Et j’ai fini par être accepté, en tout cas en France, à la fois comme chanteur et comme acteur à parts égales.
 
Franc-Parler : Je crois que vous chantez aussi en d’autres langues que le français.
Patrick Bruel : Oui.
 
Franc-Parler : L’espagnol…
Patrick Bruel : Pour l’instant, j’ai chanté en espagnol mais je vais faire un album en anglais probablement.
 
Franc-Parler : Pour quelles raisons, l’anglais ?
Patrick Bruel : Parce que je parle couramment anglais, parce que je passe beaucoup de temps dans des pays anglo-saxons. Et puis que je peux exporter ma musique en français, mais je peux aussi l’exporter en anglais. C’est une langue plus internationale pour la musique de toutes façons.
 
Franc-Parler : D’accord. Alors moi je voudrais vous faire découvrir au public japonais. J’ai cherché un peu sur vous avant de faire l’interview mais j’aimerais en savoir plus quand même. Alors, vous écrivez les paroles et aussi la musique, je crois. Dès le départ, ça a été cette optique-là : faire tout vous-même ?
Patrick Bruel : Faire le plus possible en tout cas, oui, mais sans pour autant refuser de se faire aider. Je peux me faire aider, s’il y a des gens qui écrivent avec moi, ça peut arriver. Mais en général, je parle de mes sensations. Je vais le plus loin possible tout seul et puis ensuite, je peux avoir des collaborations.
 
Franc-Parler : Pourriez-vous me dire quelques-uns des thèmes que vous développez le plus dans vos chansons ?
Patrick Bruel : C’est assez vaste. Ça va de la chanson d’amour triste, parce que souvent les chansons d’amour sont tristes, sinon quand ça va bien, on n’a pas besoin d’écrire, à des choses plus sociales, plus contemporaines peut-être. Enfin, je parle beaucoup de…je ne sais pas trop dire, c’est difficile, hein. C’est tous les thèmes de la vie. Que ce soient l’amour, l’amitié, la nostalgie, le souvenir. Les problèmes sociaux, un regard sur le monde. Un regard sur les hommes, sur le comportement, voilà.
 
Franc-Parler : Au Japon, vous avez déjà eu des concerts ?
Patrick Bruel : C’est la première fois que je viens au Japon. C’est ma première visite.
 
Franc-Parler : C’est une approche de terrain si on peut dire…
Patrick Bruel : Oui, c’est une bonne approche parce que je n’avais jamais pris le temps nécessaire pour bien venir ici. Et là, j’ai décidé de venir à Yokohama pour que ce soit une première marche. « Step by step », mais c’est la première marche de… Voilà, rencontrer un peu ici, la presse, les Japonais, la ville, tout le monde. J’ai même rencontré ma maison de disque ce matin, BMG, avec qui on va commencer à envisager de collaborer.
 
Franc-Parler : Parce qu’on trouve déjà vos disques ici. Donc, c’est un peu dommage de ne pas trouver…
Patrick Bruel : Oui, il paraît qu’il y a mes disques ici et en fait, ça vient uniquement en import mais que je ne crois pas que ma maison de disques, pour l’instant ait…
 
Franc-Parler : C’est parallèle.
Patrick Bruel : Voilà, mais ça va venir maintenant, je crois, un peu plus concrètement.
 
Franc-Parler : D’accord. Alors donc, après les chansons écrites par vous-même, vous avez votre dernier album. Si je ne me trompe, c’est Entre deux.
Patrick Bruel : Entre deux, oui, c’est un album de reprises de chansons des années trente. C’est une époque importante parce que dans l’exportation de la culture française, les années trente sont un moteur d’expression, très importantes. Et dans l’histoire de la culture française, la période qui s’est le mieux exportée, ce sont les années trente. Donc, ces chansons, c’est un très gros succès en France parce qu’on a fait deux millions sept cents mille albums juste en France, album double en plus. Et cet album voyage pas mal à l’étranger. Les gens apprécient beaucoup ce disque parce qu’on y retrouve les grands thèmes de Maurice Chevalier, de Charles Trenet, de gens comme ça.
 
Franc-Parler : Vous avez aussi donc la deuxième facette, c’est acteur. Vous alternez. Quels sont vos choix ? Comment ça se passe ?
Patrick Bruel : C’est le coup de cœur pour le scénario, pour le metteur en scène, pour l’envie de faire un film. Et que ça se présente. J’essaie de me rendre disponible parce que j’aime ça. Je peux adapter facilement mon timing en tant que chanteur parce que là pour la chanson, je décide tout, je fais tout moi-même. Pour le cinéma, je suis dépendant des autres donc je m’adapte à leurs emplois du temps.
 
Franc-Parler : Qu’est-ce que ça apporte à votre carrière de chanteur le fait de jouer ?
Patrick Bruel : C’est très interactif. Il y a des inhibitions qui sautent. Je crois que je pousse de plus en plus mes limites. Et à chaque fois, je n’aurais jamais fait ce que je fais sans…J’aurais jamais poussé mes limites au cinéma comme ça si je ne les avais pas poussées dans la chanson. Et vice-versa. À chaque fois… En fait, je me construis de plus en plus en tant qu’artiste et j’ai la chance d’avoir ces deux vecteurs qui me poussent.
 
Franc-Parler : C’est vrai que le travail de scène…
Patrick Bruel : C’est très complémentaire. On retrouve l’acteur dans la chanson. On retrouve une forme d’expression chez l’acteur et c’est interactif. L’un joue avec l’autre.
 
Franc-Parler : Est-ce que vous avez tourné des films où vous chantiez vos chansons ?
Patrick Bruel : Jamais.
 
Franc-Parler : Pourquoi ?
Patrick Bruel : Parce que ça ne s’est jamais présenté de façon intéressante ou concrète. Et je sais que c’est quelque chose que je ferai une fois mais je ne pense pas le faire plusieurs fois. Donc, il faut que ce soit la bonne fois. Il faut que ce soit un bon choix et qu’il y ait de vraies raisons de chanter dans un film.
 
Franc-Parler : Ce serait un comédie musicale ou ce serait une reprise de vos titres, ou vous feriez des titres spécialement pour ce film ?
Patrick Bruel : Je sais pas. Ça s’est pas présenté. Si ça se présente, il faudra analyser le pourquoi des choses. Pour l’instant, j’ai pas eu l’occasion mais il peut y avoir une comédie musicale, il peut y avoir un film où on joue un rôle de chanteur, je sais pas. Je sais pas du tout. Mais pour l’instant, c’est pas du tout prévu. Mais un jour peut-être, ce serait une bonne idée.
 
Juin 2004
Propos recueillis : Éric Priou
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