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Jean-Paul Jaud, réalisateur du documentaire Nos enfants nous accuseront
Article mis en ligne le 1er juillet 2009
dernière modification le 25 mai 2023
Jean-Paul Jaud : Nos enfants nous accuseront
 
Face à l’emploi massif des pesticides et de leurs méfaits sur la santé, le maire de Barjac a décidé d’introduire le bio dans la cantine scolaire de son village. Jean-Paul Jaud présente dans un documentaire militant les enjeux et les raisons de sa démarche.
 
©Matthias Lebrun

Franc-Parler : Votre film est un vrai cri d’alarme…
Jean-Paul Jaud : Oui, c’est un cri d’alarme. On sait maintenant, on a été largement informés que nous sommes dans un réchauffement climatique et dans un risque climatique et dans une alerte climatique. Qui est due à notre mode de vie et on le sait très bien. Ce film Nos enfants nous accuseront est le premier d’une série. J’ai voulu commencer par l’alimentation, principalement l’alimentation des petits parce que c’est à cet âge-là que les enfants renforcent leur système immunitaire. Et leur vie après dépend de l’alimentation et de leur santé quand ils étaient petits. J’ai voulu commencer en plus par l’alimentation parce que cette alimentation est issue d’une agriculture chimique qu’on appelle conventionnelle mais c’est une agriculture chimique pour pas dire mortifère qui a une incidence de 50 % sur le réchauffement climatique. Donc tout est lié : la santé de nos enfants et le réchauffement climatique.
 

Franc-Parler : Vous avez filmé un petit village des Cévennes qui est passé à la cantine bio. Comment avez-vous trouvé ce contact ? C’est un petit peu perdu quand même.
Jean-Paul Jaud : J’ai longtemps hésité. Comme je vous le disais, je voulais filmer l’expérience d’une cantine d’enfants, de petits de cet âge-là, enfin 9 ans-12 ans parce que d’abord ce sont des enfants accessibles à la caméra, qui peuvent se comporter d’une façon quasiment naturelle devant la caméra. Et puis qui sont très intelligents, qui ont gardé la naïveté et qui n’ont pas encore subi l’empreinte entre guillemets du collège. Donc, je cherchais une cantine d’une école primaire. Je suis convaincu que c’est par le monde rural que se fera le changement parce que dans les villages français, les citoyens et les élus peuvent communiquer et le film le prouve, le film le démontre largement. Je voulais un très beau village français, j’en voulais un très très beau parce que je voulais casser cette image du village français paradisiaque où il fait bon vivre. Et là non, on va dire c’est fini, les villages français sont comme tous les villages des pays industrialisés, ces villages sont pollués, les cours d’eau sont pollués. Les fleuves sont morts, les agriculteurs sont malades et les enfants sont malades. Donc, j’ai cherché ce village, ça s’appelle dans le métier, les repérages. Et puis j’ai trouvé les trois paramètres qui convenaient. J’ai trouvé l’action, c’est-à-dire le changement d’alimentation scolaire. J’ai trouvé le décor, je viens de vous l’expliquer et puis j’ai trouvé les acteurs avec un maire formidable, des enfants attachants et puis des parents séduisants qui avaient parfaitement compris l’importance de cette action.
 
Franc-Parler : C’est un sujet à polémique, vous avez de nombreux détracteurs. Que leur répondez-vous ?
Jean-Paul Jaud : Je leur réponds que le film a fait 250000 entrées aujourd’hui en dehors du circuit conventionnel en France. Première chose, ça veut dire que le public a plébiscité ce film. Ce film dépassera ce mois 7 mois d’exploitation et je fais toujours des débats. Je suis toujours invité à des débats après la projection, je ne peux pas participer à tous. Tous les jours, on reçoit des demandes pour des DVD. Les gens attendent les DVD avec impatience. Les détracteurs, je leur réponds aussi que Nicolas Hulot qui participe au menu du DVD et qui va participer au prochain a une phrase, je pense, qui est très importante et qui répond à votre question : « Ce film rassemble plus qu’il ne divise. » Bien sûr il divise mais il rassemble plus qu’il ne divise parce que c’est la première fois que l’on dit vraiment la vérité aux gens sur leur état de santé, sur l’état de santé de la planète et surtout sur l’état de santé de leurs petits.
 

Franc-Parler : Vous accompagnez souvent ce film pour le présenter. Pourquoi le faites-vous ?
Jean-Paul Jaud : Au départ, il était prévu comme tous les films-là d’accompagner le film pendant un mois et puis il faut savoir que moi, c’est mon premier film pour le cinéma donc ça m’a permis en plus de découvrir tout le système cinématographique de distribution et de diffusion français et puis surtout d’être à l’écoute du public. Et je peux vous dire que les gens sont prêts à agir et n’attendaient qu’une chose : c’est d’avoir des informations et qu’on leur dise quelque chose. On leur cache la vérité et là je me suis aperçu au bout d’un mois que les gens étaient en attente, une attente forte et profonde. Et c’est pour cela que je continue parce que je trouve c’est un film complètement initiatique. Et comme je prépare le prochain et que je vais commenter le prochain, je pense que ce seront ces avis de ces milliers de personnes. Si on compte une moyenne de 200 personnes par salle, ça veut dire que j’ai dialogué directement avec plus de 20000 personnes et ça c’est colossal.
 
Franc-Parler : Est-ce que le bio marche bien en France actuellement ?
Jean-Paul Jaud : Le bio marche très bien en France, tous les magasins bio, notamment les magasins Biocoop qui parrainent le film ont vu une augmentation, peut-être à la suite du film, il y a eu une incidence, c’est sûr, de 15 à 20 % de leur fréquentation. C’est un exemple. Toutes les cantines veulent passer en bio. Il va y avoir le 18 juin, l’appel du 18 juin, une journée nationale en France, lancée par le WWF qui va avoir pour thème “Oui au bio dans ma cantine”. C’est-à-dire que les parents des enfants des écoles primaires vont aller chercher leurs enfants en fin de journée et au lieu de rentrer chez eux, vont faire une marche vers les mairies et dialoguer avec les élus. Voilà et le bio marche très bien. Le problème par contre, c’est le paradoxe, la France est le plus grand pays agricole d’Europe et que la France est obligée d’importer ses produits bio. La France importe plus de 50% de ses produits bio, ce qui est absolument anormal. Et pourquoi ? Parce qu’il y a seulement 2% des terres qui sont en bio. L’urgence et le prochain film l’évoquera, c’est de reconquérir ces terres nourricières, sur ce terroir français qui est sans doute un des meilleurs de la planète.
 
Juillet 2009
Propos recueillis : Éric Priou
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