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La francophonie au Japon

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Le groupe Lilicub
Article mis en ligne le 1er août 1999
dernière modification le 22 février 2016
Lilicub au festival Halou 99
 
Depuis sa formation en septembre 1992, le trio Lilicub, a su au mieux tirer partie de sa complémentarité. Alors que Catherine et Benoît (piano, guitare et arrangements) chantent, composent et écrivent les morceaux, Philippe, le bassiste est le manager du groupe. Genres et époques sont recombinés, réinterprétés pour présenter de nouvelles facettes hautes en couleurs.
 
Franc-Parler : D’où vient le nom Lilicub ?
Benoît : C’est un petit peu un dérivé du nom du jeu, du Rubik’s Cube qui était à la mode dans les années 80 et le principe du Rubik’s Cube, c’était quand même de mélanger et de retrouver chaque couleur sans mélange. Et nous, on fait un peu pareil avec la musique, on mélange. On a d’abord mélangé, on s’est cherchés sauf qu’on n’a pas fait comme dans le Rubik’s Cube, on n’a pas eu envie de retrouver des faces unies. On a préféré garder le mélange et rester dans des teintes très colorées. C’est un petit peu ce qui nous caractérise.
 
Franc-Parler : Comment s’est passée la formation du groupe ?
Philippe : En fait, on se connaît depuis longtemps puisque Benoît et moi étions au lycée ensemble et Catherine et Benoît se sont rencontrés après dans un festival de jazz. Ça fait longtemps que l’on se connaît et que l’on fait de la musique. D’abord nous deux puis eux deux et puis, il y a six ans, les trois. Grosso-modo on a décidé de se réunir, d’écrire nos propres chansons et de voler de nos propres ailes.
 
Franc-Parler : Est-ce que les débuts ont été assez galère ou ça s’est passé facilement ?
Catherine : En fait, on a galéré avant. On faisait chacun des choses. Eux, ils avaient fait plusieurs groupes de rock-pop. Donc, ils commençaient à faire des concerts au Bataclan. Benoît a fait du reggae, il a joué au Zénith dans un groupe de reggae. Moi, je faisais du jazz. Là, quand on chantait les chansons des autres, on galérait. Et puis le jour où on a fondé Lilicub, là bizarrement, c’est allé assez vite en fait. Ça a pris à peu près un an.
Benoît : On a décidé de vraiment tout arrêter, arrêter les études, de faire un petit boulot. Nous, on gardait les enfants à la cantine. Ça ne nous prenait pas beaucoup de temps et ça nous laissait toute la journée pour travailler et écrire. Ce qui fait que ça allait deux fois plus vite qu’un groupe normal qui met du temps à écrire. Au bout d’un an, on avait 30 chansons.
Catherine : Je crois qu’on avait une belle inconscience au début. On s’est dit : « Cette année on va réussir à signer avec une maison de disques, cette année les gens vont écouter nos chansons » et puis on était tellement sûrs…
 
Franc-Parler : Vous êtes assez influencés par le sud, le Brésil en particulier.
Benoît : On aime beaucoup la bossa-nova et toutes les musiques un peu étrangères. Par exemple la musique du Maghreb, la salsa, mais on est aussi très influencés par les technologies modernes, par certains groupes dits d’avant-garde comme Massive Attack, Parti Shade et des choses beaucoup plus récentes. Ce qui nous intéresse, c’est de faire ce mélange-là. On retrouve même des airs de musette des années 40. Comme on écoute beaucoup de choses, après quand on écrit une chanson, on peut l’acclimater à des sauces un peu différentes. C’est ce qui nous intéresse.
 
Franc-Parler : Vous rendez un hommage particulier à Michel Polnareff.
Philippe : Nous avons participé à une compilation de Polnareff dont je suis le directeur artistique. On a fait la reprise Tout pour ma chérie. Ça nous a beaucoup plu de travailler sur Polnareff. C’est un grand grand.
Catherine : C’est quelqu’un qui a une grande culture musicale, c’est quelqu’un qui a étudié la musique classique. Nous, on aime beaucoup la musique classique, le jazz. Il a sorti des ritournelles que les gens connaissent par cœur. Il a une espèce de facilité. C’est incroyable, ses refrains : ça sonne, c’est facile, c’est évident. Il a mélangé tout, notamment toute la musique classique pour obtenir ça. J’espère qu’on réussira à faire des chansons aussi bien que lui car c’est un bon faiseur.
 
Franc-Parler : Comment cela se passe-t-il au niveau de la composition ?
Benoît : En général, on écrit les chansons. On a fait une reprise de Back in Bahia de Gilberto Gil. C’est une des seules reprises qu’on ait faites. En général, on écrit au piano tout simplement. Et puis après, les arrangements et on travaille sur les sonorités. On ne va pas se perdre dans les machines tout de suite.
 
Franc-Parler : Vous tournez beaucoup, dans les Francofolies en particulier.
Catherine : Pour être entiers, pour ne pas être amputés, il faut écrire, enregistrer et puis jouer. Jouer, c’est le plaisir à l’état pur.
Benoît : Écrire, c’est la base. Après, enregistrer c’est un plaisir car on met en forme des choses qui vont être fixées. Et donc là, on peut vraiment s’attarder sur des détails, des détails d’ambiance etc…Et puis après jouer, on oublie les détails et on essaie d’être les plus sincères possible. Ce sont vraiment trois trucs très différents et on n’est pas complets quand on ne fait pas l’un des trois.
 
Franc-Parler : Quel est votre morceau le plus abouti pour vous ?
Catherine : Ça c’est à ceux qui écoutent de le dire.Voyage en Italie, par exemple, c’est une chanson qui est bien faite et qui saisit un truc. Pourquoi une chanson marche, ça se colle avec l’inconscient collectif, on ne sait pas de quoi il est fait à un certain moment. Mais ça, Voyage en Italie, elle l’a saisi. Comme n’importe quel tube, on ne sait pas pourquoi ça touche quelque chose de précis et de commun. Mais par exemple, pour Back in Bahia, la reprise, c’est assez difficile de faire sonner le brésilien en français mais les paroles sont bien écrites.
Benoît : Ce qui est vrai, c’est que quand on a fini un disque, on n’a plus envie de savoir ce qui est bien, ce qui n’est pas bien. C’est fini et puis on a envie de faire autre chose. Maintenant on est en train d’écrire de nouvelles chansons. Donc, pour nous, tout ce qu’on a fait, c’est moins bien que tout ce qu’on veut faire maintenant. On n’a plus envie de s’apesantir sur telle chanson, si elle est bien ou si elle n’est pas bien, c’est le passé.
 
Franc-Parler : Comment abordez-vous votre tournée au Japon ?
Philippe : On a travaillé avec Noriko Kato, une chanteuse avec qui on a écrit, produit et réalisé deux chansons à Paris. Et aussi avec une autre chanteuse, Taiko Onuki qui était venue juste avant à Paris. Donc, on connaît déjà des gens avant de venir. Ce n’est pas l’inconnu.
Catherine : On espère visiter le Japon. Avant de partir on a pris des livres, Mishima, Kawabata et puis on arrive à Tokyo et puis ça n’a rien à voir.
Benoît : Tokyo, c’est quand même une ville ultra-moderne avec une espèce de grande activité, de fièvre permanente. Par rapport au Japon traditionnel, on ne voit pas du tout le rapport pour l’instant.
Catherine : On adore visiter les villes et puis s’imprégner des cultures. En faisant de la musique et en travailllant, c’est le meilleur moyen d’aborder les gens et les pays, enfin à mon avis, et on est avides de ça, de connaître, de voir. Je voudrais aussi ajouter que ça fait un an que nous travaillons avec des Japonais et l’ouverture d’esprit des gens, la curiosité, pour nous Français, c’est impressionnant.
Philippe : Ils ont pris des risques aussi, ils sont venus à Paris avec Noriko Kato, on leur a envoyé des maquettes et ils ont dit : « D’accord, c’est bon, on vient pour enregistrer. » Et quand ils sont arrivés, on leur a fait écouter le travail, mais ils avaient quand même fait 12000 kilomètres. Ils ont pris des risques.
Benoît : Cette prise de risques en même temps, s’est accompagnée d’un respect complet de notre travail. Ce n’était pas : « On prend un risque et on a un droit de regard sur vous. » Non, c’était : « on a pris un risque mais on assume ce risque jusqu’au bout, on vous fait confiance. Votre travail nous intéresse et à ce moment-là, on vous laisse travailler. » Et ça, c’est quelque chose qui nous semble assez exceptionnel. Il y a une continuité dans les rapports.
 
Franc-Parler : Qu’allez-vous chanter au Festival Halou ?
Benoît : On va travailler sur la base de l’album qui sort qui est un mix de nos deux premiers albums.
Catherine : On va certainement ajouter quelques chansons, on aime bien faire des reprises en concert. On va certainement reprendre Polnareff.
 
Franc-Parler : Et votre troisième album ?
Philippe : On est en train de le travailler. Il va sortir à la fin de l’année. Ça va être encore une autre chose, assez différente de ce qu’on a fait jusqu’à présent. On ne sait jamais quand on commence un travail si on va aller jusqu’au bout, si on va modifier, on ne sait pas. En même temps, il y a des périodes de doute, mais c’est normal, je crois que ça fait partie de ce ce métier-là.
 
Août 1999
Propos recueillis : Éric Priou
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