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La francophonie au Japon

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L’illustrateur de mode Izak
Article mis en ligne le 1er décembre 2004
dernière modification le 25 mai 2023
Izak, la mode à croquer
 
L’image et la publicité font et refont la mode. C’est là qu’intervient Izak, illustrateur de mode français basé à New York, de passage à Ginza pour une exposition en septembre dernier.
 
© Franc-Parler

Franc-Parler : Est-ce qu’il y a des différences dans la façon de travailler entre Paris, Tokyo, New York ?
Izak : Une chose est sûre, c’est qu’on travaille plus dans l’endroit où l’on vit, ce qui est logique. Donc, je travaille beaucoup à New York, le Japon énormément parce qu’apparemment ça ne leur pose absolument aucun problème que je sois basé à New York pour travailler avec eux. Avec les moyens de technologie, maintenant on peut travailler avec les e-mails, tous ces moyens de communication extraordinaires etc. Paris c’est vrai, je travaille beaucoup moins mais quand j’ai une commande, c’est très ciblé. C’est toujours du travail de qualité. Donc, on essaie d’avoir 2, 3 bons jobs dans l’année, mais c’est vrai, comme j’ai commencé ma carrière là-bas et que j’ai fait mon nom là-bas, je reste attaché. Le cœur est encore à Paris, quand même. J’adore New York, qu’on ne se méprenne pas. D’ailleurs, j’y suis resté. Je trouve que travailler à New York, c’est très excitant, il y a beaucoup d’énergie, il y a beaucoup d’enthousiasme. Ce sont des gens qui sont toujours très partants pour la nouveauté et moi j’aime bien ça.
 
Franc-Parler : Ça se passe comment pour une campagne publicitaire ?
Izak : D’abord, je suis représenté dans ces 3 pays. J’ai des agents qui me représentent, qui centralisent les commandes. Les gens les appellent et après si vous voulez, les boulots sont faits. Ce sont des boulots d’agents. Ils s’occupent des contrats, des budgets, des conditions. Ils sont très bien rémunérés, ces gens-là aussi. [rires] Et ça me permet de me consacrer entièrement à mon art et de ne pas penser aux impératifs d’argent.
 
Sarah ©IZAKI /Taiko & Associates

Franc-Parler : Vous prenez les idées dans les magazines de mode, vous allez voir les défilés ?
Izak : J’assiste pas mal aux défilés à New York, je ne vais pas à Paris parce que je ne peux pas me permettre, avec le boulot que j’ai, d’y aller. Mais à New York, j’essaie de voir quelques bons défilés et je me tiens très au courant de la tendance. Aujourd’hui sur le câble, il y a des chaînes spécialisées qui passent en boucle les défilés de la saison. Il n’y a pas que ça, ça se passe dans la rue beaucoup. Tout est source d’inspiration et la femme est vraiment le thème de mon exposition. Et ce sont toutes des femmes que j’ai dû à un moment ou à un autre rencontrer, ou que j’ai pu apercevoir à la terrasse d’un café ou dans un restaurant ou croiser dans le métro.
 
Franc-Parler : Vous faites un croquis, une photo ?
Izak : Non, c’est de mémoire, c’est dans la tête, une impression. Si j’ai été séduit ou touché par une femme, une attitude, un regard, ça doit rester gravé comme ça dans ma mémoire, rangé dans un petit tiroir et puis quand je me mets au boulot et bien, ça ressort.
 
Franc-Parler : Les femmes de vos illustrations ont un côté rêveur…
Izak : Elles sont rêveuses. Oui. J’ai envie de dire, elles sont profondes. Ce ne sont pas des masques, elles sont jolies, d’ailleurs des fois elles ne sont pas jolies, c’est selon l’esthétique mais elles ont quelque chose de profond et moi c’est ce qui m’intéresse chez la femme, c’est derrière.
 
Franc-Parler : Il n’y a que des femmes et des portraits d’hommes qui accompagnent parfois…
Izak : Oui, ils sont là. C’est des fiancés [rires]. La mode masculine, j’aime bien ça mais ce que je veux dire, c’est que c’est beaucoup plus excitant de dessiner les femmes que les hommes. Une femme c’est gracieux, c’est beau à dessiner. Il y a beaucoup de poésie.
 
Franc-Parler : Comment êtes-vous venu à ce métier d’illustrateur de mode ?
Izak : J’avais un don pour le dessin mais franchement je ne savais pas que je serais illustrateur de mode. Une chose est sûre, c’est que j’ai rencontré des gens il y a très longtemps. Alors là, fin 70 début 80, lorsque je faisais mes cours aux arts appliqués Duperret, j’ai rencontré des gens qui travaillaient dans la mode. Une fille était avec moi dans le cours de dessin et son mari était designer. Il dessinait des tissus pour Kenzo et ce sont eux qui m’ont traîné dans les défilés de mode. J’ai découvert ce milieu comme ça. Ils m’ont encouragé parce qu’après j’ai fait des croquis. Ils m’ont dit : « Tu es doué, tu devrais continuer là-dedans. » Avant même d’être illustrateur, j’étais styliste de mode. Je créais, je dessinais des vêtements mais toujours, c’était le dessin qui m’intéressait. C’était sympa de créer un vêtement, de passer du dessin à la réalité. C’était très excitant mais c’est vrai que j’aimais le côté graphique de la chose et j’ai fait ça pendant 5 ans et après je suis revenu à mes premières amours, le dessin. J’ai commencé à prospecter des agences de publicité. J’ai rencontré mon agent à Paris, Virginie Chalamel qui adorait mon travail, qui m’a dit : « Je vais te représenter » et ça a démarré comme ça, très très vite.
 
Devine
©IZAK/Taiko & Associates

Franc-Parler : Est-ce que la photographie représente une concurrence importante ?
Izak : D’abord, j’adore la photo. Je pense que j’adorerais faire de la photo en extension de mon travail, j’adore la photo de mode, j’adore la photo tout court. Ce n’est pas la même chose, on nous utilise, on nous demande pour les mêmes raisons de publicité, d’image mais ce n’est pas du tout le même média.
Je pense que l’illustration a un avantage sur la photographie, c’est que ça laisse vraiment plus de place à l’imagination. Et combien même une fille ici aura un visage assez spécifique, du fait que ce soit une illustration et pas une vraie femme, n’importe quelle femme peut quand même s’identifier à ce personnage alors que pour la photo c’est un peu plus difficile. Je veux dire : une fille petite, brune, rondelette, avec une pub de Claudia Schiffer, ça ne marche pas quoi ! Alors que là, c’est une illustration, on se dit d’accord, elle est mince et tout ça, mais c’est pas grave, on trouve toujours une connexion avec quelqu’un de son entourage et je crois que c’est ce qui fait que ça marche.
 
Décembre 2004
Propos recueillis : Éric Priou
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