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Le guitariste Tchavolo Schmitt et le swing manouche
Article mis en ligne le 1er août 2003
dernière modification le 25 mai 2023
Tchavolo Schmitt, le swing manouche
 
50 ans après la disparition de Django Reinhardt, le swing manouche a de quoi se tenir avec le guitariste Tchavolo Schmitt. Il revient rythmer l’été au cours de sa tournée japonaise à la tête de son groupe (les frères guitaristes Mandino et Sony Reinhardt et le contrebassiste Gautier Laurent). Que ça swingue !
 
© Franc-Parler

Franc-Parler : Comment avez-vous commencé la guitare ?
Tchavolo Schmitt : Mes premiers accords de guitare, c’est ma propre petite mère qui me les a donnés. Pourquoi ? C’est vrai que maman jouait de la guitare. Mon père était aussi violoniste. On a toujours grandi avec les instruments à la maison. Et il est venu un jour où j’ai demandé à maman de me montrer, comme j’avais toujours une guitare à la main et je faisais un peu n’importe quoi.
 
Franc-Parler : Par la suite, vous avez pris des cours ?
Tchavolo Schmitt : Non, des cours, on va dire non. C’est toujours en jouant, en grandissant, en vieillissant, en faisant de la musique avec la famille, avec les autres. On en apprend tous les jours, moi, c’est tous les jours et voilà. C’est vrai que j’ai écouté des disques et puis hop, je me mettais dessus.
 
Franc-Parler : Où jouez-vous ?
Tchavolo Schmitt : En ce moment, on tourne beaucoup et il y a pas mal de dates encore à l’étranger. Bientôt encore pour Tokyo. On va dire aussi que c’est grâce au film Swing aussi qu’on tourne aussi.
 
Franc-Parler : Quel public avez-vous en France ?
Tchavolo Schmitt : On ne sait jamais de ce qu’il y a dans le public, on ne sait jamais. Le public vient, il est chaud, on est chaud aussi. On est avec eux, on fait avec eux. On se donne. Il y a toujours une joie. C’est ça qui nous ouvre les portes.
 
Franc-Parler : Vous préférez jouer des choses traditionnelles ou innover ?
Tchavolo Schmitt : Inventer… C’est vrai qu’il y a des compositions que j’ai faites moi, d’autres que j’ai travaillées aussi avec mon cousin germain Mandino Reinhardt. La musique que l’on fait, c’est une musique qui nous vient aussi grâce à notre maître Django Reinhardt, et nous avons grandi toujours un peu avec cette musique-là. On était un peu bercés avec cette musique-là. À travers le temps, c’est vrai qu’avant tout cela il y a eu les pays de l’Est, il y a eu les valses de Strauss que les anciens écoutaient, et puis c’est là que Django est venu. Et puis, c’est là que j’ai fait une découverte. On est les apôtres, notre maître Reinhardt sera toujours notre père, à la guitare en tout cas.
 
Franc-Parler : Vous avez joué dans le film Swing. Qu’est-ce que ça vous a apporté en tant qu’acteur ?
Tchavolo Schmitt : Non, on ne va pas dire acteur. C’est un grand mot. Je me suis débrouillé, j’ai fait ce que je pouvais, voilà, c’est tout. C’est plutôt que j’ai connu [le réalisateur] Tony Gatlif en faisant mon premier film en 1993, Latcho Drom. Il est venu à Strasbourg. C’est là qu’il m’a proposé de faire ce film-là et puis dix ans après, il est revenu. Avant cela, il avait dit qu’il reviendrait un jour pour faire un film avec moi, pour faire Swing.
 

Franc-Parler : Dans Swing, Tony Gatlif vous fait dire que vous aviez peur que les jeunes ne reprennent plus la guitare. Personnellement, est-ce que vous le pensez ?
Tchavolo Schmitt : C’est vrai d’un côté, oui. On va dire que les jeunes de maintenant… Il y a eu la génération de mes parents qui tenait à ce que les jeunes jouent, mais ce qui ne veut pas dire qu’on forçait à jouer. Loin de là. Jamais mes parents ne m’ont forcé, ne m’ont dit : « Il faut que tu prennes la guitare, le violon, il faut que tu joues, il faut que tu arrives à faire »… Non, ça vient comme ça, on aime et c’est tout. Mais je dis que ça serait bien que les jeunes reprennent un peu la relève aussi. Mandino, lui, a une école où il apprend à jouer à pas mal d’enfants.
 
Franc-Parler : Vous jouez aussi pour les amis ?
Tchavolo Schmitt : Quand il se passe un concert, comme il y a beaucoup de musiciens qui viennent, il y a toujours un bœuf à faire ensemble malgré que des fois on ne se connaisse pas. Et c’est là, je dis bien après le concert, qu’on fait la fête. Ça se fait pas mal.
 
Franc-Parler : C’est plutôt les hommes ou les femmes qui jouent de la guitare ?
Tchavolo Schmitt : C’est une question un peu piège mais on va dire quelque chose. Il y en a beaucoup qui vont dire qu’il n’y a pas beaucoup de femmes qui jouent, mais il y en a quand même. C’est comme dans le conservatoire, sans que je vous vise en tant que gadgé, il y a des femmes qui jouent violon, violoncelle et plein d’autres instruments.
 
© Franc-Parler

Franc-Parler : Vous formez un groupe instrumental, est-ce que vous chantez parfois ?
Tchavolo Schmitt : Oh la la ! Quand on fait la fête en famille, il y a toujours un chant, un petit quelque chose. Il y a toujours quelqu’un qui ramène sa bouche en disant, j’ai envie de chanter, « Tiens, accompagne-moi ça » et l’autre va reprendre, et ainsi de suite. C’est la vie. On est dans la musique ou on n’y est pas.
 
Franc-Parler : Vous chantez en quelle langue ?
Tchavolo Schmitt : Vous savez, il n’y a pas de langue, il n’y a aucune race qui peut dire, cet instrument, je n’en jouerai pas et je ne saurai jamais chanter. Mais disons que tout le monde sait un peu chanter. Chez nous on parle le manouche, c’est vrai qu’en Alsace, on tient à ça. C’est notre souche, notre langue et j’espère que ça continuera pendant longtemps.
 
Août 2003
Propos recueillis : Éric Priou
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